Définition de la décroissance
D’après l’association « Recherche et Décroissance »
7 bis avenue Foch 81600 Gaillac. Email : contact@degrowth.net
Nous parlons de « dé-finition » pour préciser que nous nous situons encore à un stade évolutif de la définition de ce concept.
De manière générale la décroissance se définit comme l’état de ce qui décroît : une diminution.
Plus spécifiquement, la décroissance se présente en deux volets :
1-Comme slogan remettant en cause le consensus pour la croissance (économique entre autre).
Il
s’agit alors d’un « mot-obus » pour défier, entre autre, l’économisme,
la marchandisation de la nature et des rapports humains, t le
croissancisme, c’est à dire la croyance que toute économie doit
augmenter la valeur de ses échanges et productions pour éviter la crise
ou le désastre. Le but est aujourd’hui de lancer un débat de société.
2-Comme processus concrets en direction d’une société soutenable (juste et écologique…).
C’est ce deuxième volet qui est développé ici.
La décroissance comme processus concrets et volontaires vers une société soutenable
La
décroissance représente une multitude de démarches individuelles
(simplicité volontaire) et collectives basées sur une réduction :
-de
l’appropriation directe, ou par l’intermédiaire de produits ou
services, de ressources naturelles dont matières, énergies et espaces
(décroissance physique),
-de la capacité d’appropriation de
ressources naturelles (décroissance économique). Il est trop risqué
qu’une capacité d’appropriation des ressources se transforme en une
appropriation effective sous la forme d’un « effet rebond ».
En
tant que projet politique (au sens large) la décroissance se décline
aux niveaux individuels, locaux, régionaux (…) et mondiaux, elle se
comprend alors dans le même temps comme soutenable, équilibrée,
démocratique, conviviale, écologique, sociale, positive, culturelle,
équitable, innovante, diversifiée, ciblée, locale, globale et
transitoire… Détaillons :
-soutenable (supportable). La
croissance dans un monde fini nous conduit, soit à des crises ou
effondrements généraux, soit à un « féodalisme moderne » avec une
minorité privilégiée de plus en plus infime continuant à « croître » en
se protégeant des crises, des dégâts environnementaux et de la majorité
miséreuse. L’idée de cette décroissance soutenable voulue est de nous
épargner de ces récessions ou décroissances insoutenables subies, en
sauvegardant les droits humains et les écosystèmes.
-équilibrée
(en proportions harmonieuses). Pour éviter les crises et pour que
personne ne soit exclu, trois processus doivent se combiner
simultanément : réduction de la consommation (du « vouloir d’achat »),
réduction de la production et partage (du travail notamment).
-démocratique
(pouvoir à tous les humains). La réorganisation à différents niveaux de
la société et le partage requièrent davantage de démocratie : plus
participative et directe.
-conviviale (prenant en compte
l’intérêt d’autrui autant que le sien), écologique (respect des
écosystèmes), sociale (respect entre humains), positive, culturelle (…)
La décroissance physique et économique doit laisser la place à de
nombreuses autres croissances (qualitatives en grande partie) : des
relations désintéressées, du temps pour soi et pour les autres, de
l'équité, de services publics minimaux, de la santé, des droits
humains, du droit des femmes et des minorités, de la nonviolence, de la
chaleur humaine, de la nature, de la sécurité, de l'art, de la
perception de ce qui nous environne, de la poésie, de l’empathie et
ceci dans une grande variété...
-équitable (du latin oequitas,
égalité). Elle s’applique en premier lieu aux 20% favorisés de ce monde
principalement basés dans les pays industrialisés, mais concerne tout
le monde lorsqu’il s’agit de « décoloniser l’imaginaire » lié aux
modèles consuméristes et productivistes. Il s'agit d'une décroissance
différenciée de façon à tendre vers une société plus juste dans les
pays industrialisés et mondialement.
-innovante (introduisant
des nouveautés). Il s’agit d’une remise en cause de la situation
actuelle (faite notamment d’autoroutes et des centrales nucléaires...),
afin de vivre une moindre consommation de ressources. L’innovation
intègre alors la notion de limite, plutôt que de tenter de s’en
soustraire. Les innovations peuvent faire l’objet de débats
démocratiques et être refusées si elles font fi de limites éthiques ou
écologiques (OGM, nucléaire, armements, nanotechnologies, clonage
etc…).
-diversifiée. Le but de la décroissance est d’atteindre
une société soutenable où chaque mode de vie est unique tout en étant
potentiellement généralisable. L’urgence et la gravité des problèmes
écosociaux impliquent des démarches à portée et échéance diverses. La
diversité se comprend aussi en terme de croyances ou non-croyances
idéologiques ou spirituelles sans qu’aucune ne soit mise en avant.
-ciblée.
Elle n’implique pas une décroissance à tous les niveaux pris
séparément: les alternatives soutenables (par exemple agriculture bio,
énergies renouvelables ou transport soutenables (vélos, transports en
commun ...)) doivent croître, mais en créant une réduction plus
importante des portions non-soutenables de l’économie (ex : agriculture
chimique, énergies nucléaires ou fossiles, transport automobile ou
aérien…).
-locale et globale. Elle est basée sur des économies
de proximité ouvertes (« néo-localisme ») mais se comprend à un niveau
global. A ce titre une décroissance locale qui entraîne une croissance
ailleurs ou dans le futur n’est pas une décroissance.
-transitoire.
Elle constitue une étape jusqu’à une société soutenable, juste, durable
écologiquement, démocratique, participative, répondant aux besoins
humains, localisée, d’une grande diversité culturelle, écologique et
ethnique en chaque lieu, globale, ouverte, et dont la capacité
d’appropriation des ressources naturelles s’est stabilisée à un niveau
viable permettant leur renouvellement. Cette société soutenable
constitue une « utopie réalisable sans cesse renouvelée » dont les
caractéristiques précises se réajustent au fur et à mesure.